C’était en 1974, Doctor Feelgood
sortait son premier album et il relançait à lui seul le Rythm’n Blues en
Angleterre. Il jouait « Road 66 » à chacun de leurs concerts.
« Road 66 » qui était la base même du blues, ce morceau qui avait été
popularisé par Bo Didley et qui ouvrait le premier album des Stones, et que
tous les groupes de Blues Rock savaient jouer à la perfection ! Autour de
Feelgood une nouvelle scène venait d’apparaitre, on appelait cela le Pub Rock,
principalement parce qu'ils jouaient que dans les pubs, les salles étaient
réservées à tout les Genesis et consorts qui pourrissaient l’époque. Le look
était parfait et la musique était celle qui avait tant excité les jeunes dans
les sixties. Las, quelque temps plus
tard, c’était 76 et le punk qui emportait tout sur son passage en oubliant que
la plupart des acteurs et des musiciens qui se réclamaient de l’étiquette Punk venaient
de là, de ce Pub Rock, qui savait si bien défendre ses classiques !
D’ailleurs le premier festival Punk,
celui de Mont de Marsan fût un hommage à ce Pub rock !
2013, venus du fin fond de
l’Irlande, Cavan à 100 km de Dublin, quatre types créent le buzz en Angleterre,
affolent la presse et les médias, en
jouant de ce bon vieux Rythm’n Blues si cher à tout les vétérans du Blues
Anglais, de Eric Clapton à Jimmy Page : The Strypes !
Attention, ici tout est
parfait, ils ont le look : les chemise à pois à larges cols, les Boots
pointues, les vestes à trois boutons et les Wayfarers si cools, avant que Tom
Cruise ne les ridiculisent dans Risky Buisness. Ils jouent sur des Gretschs ou
des Danelectros et reprennent « Road 66 » à tous leurs
concerts ! Bref l’attirail Mod dans ce qu’il a de plus classe. Tout est
parfait, avec un petit détail en plus : les Strypes ont 16 ans !
Oui vous avez bien lu, des mômes
de 16 ans (sauf le chanteur qui n’en a encore que 15) revisitent le Blues avec
la même énergie que leurs glorieux anciens ! Une histoire classique de 4
copains d’école qui se retrouvent ensemble après la sonnerie de l’école pour
jouer chez l’un d’entre eux. Le papa a une chouette collection de disque, alors
ils entendent dés leur plus jeune âge Feelgood, Eddie and the Rods, la Motown,
les disques Stax et tout les singles Mods sixties qui ont juste fait la gloire
du Royaume Unie ! Un papa (celui du bassiste Pete O’Hanlon, devenu entre
temps tour manager et qui veille jalousement sur ses poulains) qui les pousse à
commander des instruments au père Noël alors qu’ils ont dix ans à peine et à,
former un groupe !
La suite est classique : c’est
le démarrage, alors qu’ils ont 13 ans, dans ces fameux weekends Mods qui
pullulent en Grande Bretagne. Ces weekends où l’on rejoue à Quadrophania en
écoutant des groupes de blues; en France on appellerait cela du vintage.
Rapidement ils sont repérés par la presse et les labels qui se pressent pour
les signer. C’est Rocket Music, le label d’Elton John qui les récupère, après qu’un
premier quatre titres de reprises est mis le feu aux poudres. Oui Sir Elton
lui-même, qui court tout les médias pour encenser ses poulains, en arguant
qu’ils connaissent mieux le blues à 16 ans, que lui à 65 et qui se rappelle à
travers eux de sa jeunesse Mods ! C’est le même Elton John qui a sorti de
sa retraite le vétéran Chris Thomas, l’homme des Beatles ou des Groovies, pour réaliser le disque ! Chris
Thomas qui leur a transmis le relais et passer le flambeau !
L'album s'appelle Snapshot et
c’est un parfait brûlot de Rock dans la grande ligné du Rythm’n blues, 13
titres pleins de d’harmonicas, de guitares et de batteries : que des
originaux ! Et dire que l’on imaginait les ados en survêts avec de
grosses baskets en train de passer leurs vies sur Facebook à disserter sur les
malheurs de leurs potes, en écoutant du Rap, Ragga, Reggae ou autre babioles de
notre époque et voilà quatre mouflets qui viennent donner une leçon à tout le
monde !
Et la France dans tout ça ?
Les Strypes sont passés à Canal plus, au Grand Journal ou De Caunes souriait dans sa barbe, dissimulant mal son
enthousiasme pour les quatre miniatures, lui qui fit tant en son temps pour les
Feelgood. Les Strypes devraient ouvrir pour les Artics Monkeys en Novembre à
Paris (et dans toute l’Europe !), depuis que Alex Turner (le chanteur des
Monkeys !) a déclaré sa flamme au groupe, au même titre que Paul Weller,
Elvis Costello, Liam Gallagher ou autre Miles Kane. Un sacré fan club quand on
a 16 ans ! Voilà enfin une bonne nouvelle : le combat
continue ! Yes, c’est cool !
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