C’était en 1978, Paris vivait
l’after Punk, le temps des désillusions et des soirées glauques. A Paris un
nouveau club venait apparaître : le Rose Bonbon. C’est là tout les soirs
dans une cave de la rue Caumartin que se construisait une nouvelle scène :
les Jeunes Gens Modernes !
Modern Guy, et son chanteur
Guillaume Israël, était parmi les leaders de cette scène. Sa New Wave funk et
dansante était bien dans le style de leur époque et le groupe regardait plus
vers New York que vers Londres. La vision des Guys était simple : ils
exagéraient, enfin surtout Guillaume Israël exagérait et ses frasques étaient
célèbres (il se fit même interdire des Bains Douches !), lui qui cherchait
sous les néons des boites de nuits à fagociter un quotidien bien morne !
Il fallait vivre vite, à fond, sans regrets … Galère, argent, demain, enfants,
famille, carrière n’étaient que des mots pour lui et ses troupes, seul le présent
comptait et Guillaume montait sur scène comme certains vont au combat, Che
Guevara avec des guitares électriques.
Modern Guy finit par enregistrer
un album à New York produit par l’incroyable John Cale (toujours pas réédité à
ce jour). Ce fût un échec et le groupe vola en éclat ! A 23 ans, Guillaume
Israël était un has been, pire, un loser. Il rebondit avec classe en écrivant un premier roman en 1983 :
« Les Chérubins électriques » sous le nom de Guillaume Serp. La
critique fût plus que positive, on parla d’un nouveau talent, d’un auteur
capable de décrire sa génération.
Suite au livre, Guillaume partit
pour Los Angeles suivre une fac de cinéma et préparer un nouveau roman (inédit
à ce jour). C’est là que Lio le retrouva et lui proposa de travailler sur
l’album « Pop Model » qui reste son plus grand succès à ce jour. Puis
Guillaume rentra à Paris ou il décéda le 30 Décembre 1987 d’une overdose
d’alcool et de médicaments.
Son livre allait devenir un de
ces mythes qui fait la renommée de cette époque. « Les chérubins
électriques » c’est la chronique de Paris à la fin des années 70, les
filles sont belles, elles sont mannequins ou actrices et portent des noms
dignes de romans des années 60 (Cassandra ou Déliciosa). Les garçons portent
plusieurs noms (Philippe ou Rodney) ou pas de prénoms (X1 ou X2), ils montent
un groupe de rock, ont un peu de succès et voyagent de Berlin à New York pour
vérifier que tout le monde vit la même chose : l’ennui !
L’ennui, c’est la chose la plus
importante du livre, à un point tel que tout le monde se drogue pour l’oublier,
(aucune scène ne nous est épargnée, ça sent le vécu). Ils font des choses
bizarres : acheter la Pravda au Drugstore, s’habiller en rouge, mettre West
Side Story à fond sur la chaine et sortir beaucoup. C’est juste une époque
froide, sans action, sans gloire …une époque ou la télévision était encore en
noir et blanc et Dalida trustait les hits parades.
Le livre allait devenir une sorte
de petit mythe. Le genre d’écrit que
tout le monde cherchait à lire. Il y eut plusieurs textes (dont un de
Beibgbeder) qui le décrivait comme une photographie de l’époque. 30 ans après
sa parution le livre est réédité chez l’Editeur singulier avec une longue
préface d’Alexandre Fillon qui a réussi à retrouver beaucoup d’acteurs de
l’époque et des proches de Guillaume Serp. Même si le livre a vieilli ou plutôt
si l’époque a changé, le texte de Guillaume Serp conserve sa naïveté de
l’époque, remplis de référence, avec un style sec et direct. Un livre d’une époque
et d’un réel talent disparu trop tôt.
Guillaume Serp / Les Chérubins électriques
L'Editeur Singulier
16 Euros
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