19 ans après sa sortie, le
troisième et dernier album des Toulousains de Diabologum est enfin réédité, disque
majeur et fondateur d’une certaine rigueur et créativité d’un rock Français,
enfin reconnu à sa juste valeur.
Tout avait commencé, pour moi, au
printemps 1996. La rumeur, et certaines personnes, bien renseignées le prédisaient :
le nouveau disque de Diabologum serait grand ! Enregistré au Black Box
studio de Angers au cours de l’hiver 1995-1996, « 3 » devait marquer
les esprits ! Et pourtant ce n’était pas gagné ! A l’époque
Diabologum à l’image d’un gentil groupe de pop propret, comme il se fait à l’époque,
d’ailleurs leurs deux premiers albums sont passés totalement inaperçus et ont
été des échecs commerciaux.
Le groupe vient juste de
connaitre un important changement de personnel, deux membres viennent de
quitter le groupe, laissant derrière eux les deux guitaristes chanteurs, Michel
Cloup et Arnaud Michniak, et le batteur fraichement arrivé Denis Degloanni. C’est
ce trio qui décide de passer une petite annonce pour trouver un bassiste, une
seule réponse et c’est la bonne : Richard Roman intègre Diabologum.
Commence alors un long travail de
composition et de production pour un groupe qui a décidé de radicaliser sa
musique. On est en pleine époque du post Rock et ils se lancent dans cette voie
avec l’aide de sampler et autre outils. Le son se durcit, les paroles aussi et
le groupe dégage une noirceur rarement atteinte !
Rentrée 1996 : « 3 »
sort et offre au rock Français un grand, un très grand disque ! Soutenu
par leur label (Lithium), le groupe se voit encensé par la presse et les médias
et a un début de succès commercial (20 000 disques vendus). Le disque est
grand, presque définitif, une œuvre complexe aussi magnifique que complexe. Le
ton est donné dés l’ouverture avec ces mots qui ouvrent le disque : « Quand
j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé, au milieu du mois d’Août, je crois
qu’il a neigé ! ». La tension est extrême, les guitares sont pleines
de larsen et la rythmique est lourde, à la limite du rap. Michel Cloup et
Arnaud Michniak ne chantent pas, ou peu, mais récitent leurs textes un peu
comme des Slammeurs.
A l’époque les musiciens avouent
qu’ils écoutent du rap justement mais aussi du post rock (Codeïne), Sonic Youth
et commencent à découvrir toute la scène Française des années 70, notamment
Brigitte Fontaine ! C’est ça qui donne au groupe son originalité et son
son si particulier. Ils vont même jusqu’à improviser sur le film et les textes
de « la maman et la putain » le film de Jean Eustache et reprennent
en fin d’album « Blank generation » le titre punk définitif de
Richard Hell !
Mais la tension du disque se
ressent peu à peu dans le groupe et les concerts ne sont souvent pas à la
hauteur d’un groupe qui vient de faire un disque exceptionnel. Après un concert
à New York en 1998, le groupe se sépare. Les deux leaders s’en vont fonder Expérience
pour Michel Cloup et Programme pour Arnaud Michniak, deux groupes qui vont
poursuivre à leur manière le travail de Diabologum.
En 2011, par deux fois le groupe
se reforme, notamment pour les 20 ans des Rockmotives de Vendôme. A l’époque,
le disque est introuvable et sa côte sur E Bay atteint 800 à 1 000 euros.
Les rumeurs d’une reformation définitive sont rapidement démenties par les intéressés
qui ne cachent pas leurs dissensions internes. Et c’est le label d’Ici et d’ailleurs,
qui annonce en octobre dernier que le disque sera enfin réédité. Chose faite
aujourd’hui ou une nouvelle génération va enfin pouvoir découvrir cette œuvre majeur.
Petit bonus important, le groupe a rajouté un deuxième disque comportant des
morceaux rares ou inédit de l’époque (dont un morceau en duo avec Daniel Darc).
Précipitez vous découvrir un son et un talent inégalé.
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