Dimanche soir, alors que la Grèce
fêtait la victoire de Syriza, la fille de Demis Roussos annonçait le décès de
son père victime d’un cancer qu’il trainait depuis trop longtemps ! Avec
lui, c’était la perte d’un des membres d’un groupe les plus emblématiques des
années 60 et 70 : Aphrodite’s Child.
L’histoire de Demis Roussos, c’est
l’histoire d’un petit garçon Egyptien qui doit s’enfuir avec ses parents avec l’arrivé
au pouvoir de Nasser en 1956. Ils se réfugient en Grèce ou le jeune garçon
développe un vrai talent pour la musique et la réincarnation (au désespoir de
ses parents). Suite à un voyage en Europe (notamment en Espagne) il est
persuadé d’être un guerrier Egyptien tué par la lance d’Alexandre (sic) ! Dés
son retour il monte son premier groupe (les Idols) et commence à se produire
dans les bars Jazz.
Fin 1966, c’est la rencontre de
sa vie : dans un petit bar / club, le jeune Demis rencontre Vangelis, un
compositeur/pianiste de Jazz parmi les plus doués de sa génération. C’est le
coup de foudre artistique immédiat, Vangelis est fasciné par la voix de son
cadet. Accompagné du batteur Lucas Sideras et du guitariste Argyris Koulouris,
ils décident de fonder un groupe. Mais la Grèce est un pays trop petit pour des
musiciens et au printemps 1968 Demis Roussos et Sideras quittent leur terre
natale pour rejoindre Vangelis à Londres (Koulouris reste à Athènes bloqué par
son service Militaire).
L’histoire est célèbre :
bloqué à Douvres par les douaniers Anglais parce qu’ils n’ont pas de contrat de
travail comme musiciens, les deux hommes se réfugient à Paris, vite rejoint par
Vangelis. Rapidement l’argent vient à manquer et le trio se voit contraint de
signer un contrat en France chez Phonogram (ils rêvaient de l’Angleterre !).
On leur alors présente un jeune prof d’Anglais qui écrit quelques paroles, un
certain Boris Bergman. Il vient juste de se faire plaquer par sa fiancée. Il
pond alors un texte résumant son chagrin : « Rains and Tears ».
Le groupe enregistre le titre dans une cave du 13 éme arrondissement. Le disque
est pressé la veille de la grève générale et est diffusé sur les ondes en mai
1968, durant les événements. C’est un succès immédiat ! La mélodie
splendide, la voix parfaite de Demis Roussos et la production incroyable de
Vangelis avec l’orgue en fait un must absolu. La mélodie est largement inspirée
du canon en Ré majeur de Johann Pachelbdel (un compositeur Allemand du 17 éme
siécle). Le titre sera toujours lié à mai 68.
Le groupe enregistre alors une
série de titres splendides, un vrai vivier psychédélique ou rapidement la
figure tutélaire de Vangelis fait de l’ombre à un Demis Roussos qui souffre du
côté « roots » de son partenaire. Le point culminant sera une
adaptation de l’évangile de Saint Jean. En 1972 le groupe part en tournée sans
Vangelis qui est occupé à finir de produire « 666 », le nouvel album
du groupe encore plus barré que les précédents. C’est trop pour Demis Roussos
qui trouve la production artistique du groupe « trop underground ».
Ce sera l’apogée d’un groupe de génie ! Vangelis met le cap sur Londres ou
il entame une carrière très fructueuse de compositeur de musique de films.
Demis Roussos se lance dans une carrière solo sans grand intérêt mais lui
permettra de vendre 50 millions de disques.
Hier le monde de la musique a
salué le talent du bassiste chanteur des Aphrodite’s Child et Vangelis a rendu
hommage à son vieux compère. Il y avait hier des « larmes et de la pluie ».
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