mardi 27 janvier 2015

DEMIS ROUSSOS (1946-2015)

Dimanche soir, alors que la Grèce fêtait la victoire de Syriza, la fille de Demis Roussos annonçait le décès de son père victime d’un cancer qu’il trainait depuis trop longtemps ! Avec lui, c’était la perte d’un des membres d’un groupe les plus emblématiques des années 60 et 70 : Aphrodite’s Child.



L’histoire de Demis Roussos, c’est l’histoire d’un petit garçon Egyptien qui doit s’enfuir avec ses parents avec l’arrivé au pouvoir de Nasser en 1956. Ils se réfugient en Grèce ou le jeune garçon développe un vrai talent pour la musique et la réincarnation (au désespoir de ses parents). Suite à un voyage en Europe (notamment en Espagne) il est persuadé d’être un guerrier Egyptien tué par la lance d’Alexandre (sic) ! Dés son retour il monte son premier groupe (les Idols) et commence à se produire dans les bars Jazz.



Fin 1966, c’est la rencontre de sa vie : dans un petit bar / club, le jeune Demis rencontre Vangelis, un compositeur/pianiste de Jazz parmi les plus doués de sa génération. C’est le coup de foudre artistique immédiat, Vangelis est fasciné par la voix de son cadet. Accompagné du batteur Lucas Sideras et du guitariste Argyris Koulouris, ils décident de fonder un groupe. Mais la Grèce est un pays trop petit pour des musiciens et au printemps 1968 Demis Roussos et Sideras quittent leur terre natale pour rejoindre Vangelis à Londres (Koulouris reste à Athènes bloqué par son service Militaire).



L’histoire est célèbre : bloqué à Douvres par les douaniers Anglais parce qu’ils n’ont pas de contrat de travail comme musiciens, les deux hommes se réfugient à Paris, vite rejoint par Vangelis. Rapidement l’argent vient à manquer et le trio se voit contraint de signer un contrat en France chez Phonogram (ils rêvaient de l’Angleterre !). On leur alors présente un jeune prof d’Anglais qui écrit quelques paroles, un certain Boris Bergman. Il vient juste de se faire plaquer par sa fiancée. Il pond alors un texte résumant son chagrin : « Rains and Tears ». Le groupe enregistre le titre dans une cave du 13 éme arrondissement. Le disque est pressé la veille de la grève générale et est diffusé sur les ondes en mai 1968, durant les événements. C’est un succès immédiat ! La mélodie splendide, la voix parfaite de Demis Roussos et la production incroyable de Vangelis avec l’orgue en fait un must absolu. La mélodie est largement inspirée du canon en Ré majeur de Johann Pachelbdel (un compositeur Allemand du 17 éme siécle). Le titre sera toujours lié à mai 68.



Le groupe enregistre alors une série de titres splendides, un vrai vivier psychédélique ou rapidement la figure tutélaire de Vangelis fait de l’ombre à un Demis Roussos qui souffre du côté « roots » de son partenaire. Le point culminant sera une adaptation de l’évangile de Saint Jean. En 1972 le groupe part en tournée sans Vangelis qui est occupé à finir de produire « 666 », le nouvel album du groupe encore plus barré que les précédents. C’est trop pour Demis Roussos qui trouve la production artistique du groupe « trop underground ». Ce sera l’apogée d’un groupe de génie ! Vangelis met le cap sur Londres ou il entame une carrière très fructueuse de compositeur de musique de films. Demis Roussos se lance dans une carrière solo sans grand intérêt mais lui permettra de vendre 50 millions de disques.




Hier le monde de la musique a salué le talent du bassiste chanteur des Aphrodite’s Child et Vangelis a rendu hommage à son vieux compère. Il y avait hier des « larmes et de la pluie ». 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire