dimanche 23 novembre 2014

LES VALENTINO : MATI



Ils sont nombreux dans les années 80 ceux qui sont morts les armes à la main ! Faute de relais, faute de médias, faute de structures, faute de tout… Les Valentino (sans s) sont de cela ! Formé à Caen au début des années 80, ils méritaient mieux avec leur tube « Mati » que quelques lignes ou photos quelque part dans un dictionnaire du rock ou une page hommage sur internet.



Caen, ville de Normandie, une ville de province, avec tout cela comporte comme sous entendu bon ou mauvais. Une ville, ou se promener le dimanche après midi peut rendre nerveux ou triste. C’était la ville des Valentino. Avant ils s’appelaient les Misfits et encore avant « Bye bye turbin » (d’après le nom d’un livre situationniste de 1973) le premier groupe Punk du coin ! Un groupe formé d’une bande d’adolescents qui avaient vu dans la révolte des Pistols et des Clash, un moyen d’échapper à la morne vie qui pouvait les attendre, une manière de s’exprimer, un combat…

Dés 1979, c’était fini ! Les Clash se remettaient en question, les Sex Pistols se séparaient et les « Bye Bye Turbin » ne savaient plus très bien ou ils allaient. Erick Gervais, leur leader et Bernard Beuneiche le bassiste montèrent les Misfits (un 45 tour en Anglais), puis ce fût les Valentino ! Comme le dit Erick Gervais « On s’arrêta sur un rock mélodique et romantique ». Ce fut une compilation locale, Rock à Caen, qui leur donna pour la première fois la parole. Il y avait dessus « Mati » leur presque tube.

Mati, cette fille qui vit dans un univers assez glauque. Cette fille pour qui « le monde est une paroi lisse et verticale où rien ne l’accroche, où tout lui parait moche.. ». Erick Gervais osait écrire en Français avec une plume exacerbé. Même si le son est riquiqui (les moyens sans doute !), on avait là un réel talent qui savait mélanger des textes romantiques à des mélodies pointues. Une vraie chanson, un vrai tube, un vrai titre mais personne pour croire au talent du trio Normand (en plus des deux compères, il y avait le batteur Patrick Pannier).



Ils se réfugièrent chez New Rose, le label héroïque des rockers Français des années 80. Ce fût un six titres parut en 1985. La connexion Normande joua à fond et on retrouva Eric Tandy pour un texte et Dominique Laboudé le leader des Dogs de Rouen au mixage ! Rien n’y fit et il faudra attendre 1987 pour avoir le seul vrai album des Valentino toujours chez New Rose. Entre temps le trio était devenu quatuor et le guitariste des Alligators (Caen toujours !) Marco Periz était venu soutenir Erick Gervais pour les parties de guitare. Un album où ils avaient mis en musique Appolinaire (la Tzigane) et qui savait allier le talent à la fougue.





Malgré quelques concerts et des apparitions dans les médias, rien n’y fit. Les Valentino étaient condamnés à être d’éternels espoirs. Un groupe connut des seuls esthètes ! Mais la vie les rattrapa et il fallait bien devenir grand, alors comme des boxeurs trop sonnés après 10 rounds ils jetèrent l’éponge ! Trop de classe pour le voisinage, certainement… Mati continuerai sa promenade sur les quais seule et nous on garderait le souvenir de ces types qui avaient su nous emballer !



Et puis, l’histoire parfois est singulière et il est prématuré de mettre le mot fin quand elle ne s’achève pas ! Erick Gervais et Bernard Beuneiche ont remonté leur groupe 28 ans après. Ils ont ressortis les instruments du placard et sont redescendus à la cave pour rebrancher les amplis. Ils sont montés sur scène en mai dernier à Caen avec les confrères des Olivensteins eux aussi renaissant  (Normandie connexion for ever !) et puis la semaine dernière toujours chez eux, à Caen. Les photos les montrent heureux souriant. Le trio est un quintet désormais et les années n’ont pas altéré le talent ! Mati est toujours là, vous savez, juste une chouette chanson d’un groupe de Caen qui était paru sur une compilation locale…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire