Ils sont nombreux dans les années
80 ceux qui sont morts les armes à la main ! Faute de relais, faute de
médias, faute de structures, faute de tout… Les Valentino (sans s) sont de cela !
Formé à Caen au début des années 80, ils méritaient mieux avec leur tube « Mati »
que quelques lignes ou photos quelque part dans un dictionnaire du rock ou une
page hommage sur internet.
Caen, ville de Normandie, une
ville de province, avec tout cela comporte comme sous entendu bon ou mauvais.
Une ville, ou se promener le dimanche après midi peut rendre nerveux ou triste.
C’était la ville des Valentino. Avant ils s’appelaient les Misfits et encore
avant « Bye bye turbin » (d’après le nom d’un livre situationniste de
1973) le premier groupe Punk du coin ! Un groupe formé d’une bande d’adolescents
qui avaient vu dans la révolte des Pistols et des Clash, un moyen d’échapper à
la morne vie qui pouvait les attendre, une manière de s’exprimer, un combat…
Dés 1979, c’était fini ! Les
Clash se remettaient en question, les Sex Pistols se séparaient et les « Bye
Bye Turbin » ne savaient plus très bien ou ils allaient. Erick Gervais,
leur leader et Bernard Beuneiche le bassiste montèrent les Misfits (un 45 tour
en Anglais), puis ce fût les Valentino ! Comme le dit Erick Gervais « On
s’arrêta sur un rock mélodique et romantique ». Ce fut une compilation
locale, Rock à Caen, qui leur donna pour la première fois la parole. Il y avait
dessus « Mati » leur presque tube.
Mati, cette fille qui vit dans un
univers assez glauque. Cette fille pour qui « le monde est une paroi lisse
et verticale où rien ne l’accroche, où tout lui parait moche.. ». Erick
Gervais osait écrire en Français avec une plume exacerbé. Même si le son est
riquiqui (les moyens sans doute !), on avait là un réel talent qui savait
mélanger des textes romantiques à des mélodies pointues. Une vraie chanson, un
vrai tube, un vrai titre mais personne pour croire au talent du trio Normand
(en plus des deux compères, il y avait le batteur Patrick Pannier).
Ils se réfugièrent chez New Rose,
le label héroïque des rockers Français des années 80. Ce fût un six titres parut
en 1985. La connexion Normande joua à fond et on retrouva Eric Tandy pour un
texte et Dominique Laboudé le leader des Dogs de Rouen au mixage ! Rien n’y
fit et il faudra attendre 1987 pour avoir le seul vrai album des Valentino
toujours chez New Rose. Entre temps le trio était devenu quatuor et le
guitariste des Alligators (Caen toujours !) Marco Periz était venu
soutenir Erick Gervais pour les parties de guitare. Un album où ils avaient mis
en musique Appolinaire (la Tzigane) et qui savait allier le talent à la fougue.
Malgré quelques concerts et des
apparitions dans les médias, rien n’y fit. Les Valentino étaient condamnés à
être d’éternels espoirs. Un groupe connut des seuls esthètes ! Mais la vie
les rattrapa et il fallait bien devenir grand, alors comme des boxeurs trop
sonnés après 10 rounds ils jetèrent l’éponge ! Trop de classe pour le
voisinage, certainement… Mati continuerai sa promenade sur les quais seule et
nous on garderait le souvenir de ces types qui avaient su nous emballer !
Et puis, l’histoire parfois est singulière et
il est prématuré de mettre le mot fin quand elle ne s’achève pas ! Erick
Gervais et Bernard Beuneiche ont remonté leur groupe 28 ans après. Ils ont ressortis
les instruments du placard et sont redescendus à la cave pour rebrancher les
amplis. Ils sont montés sur scène en mai dernier à Caen avec les confrères des
Olivensteins eux aussi renaissant
(Normandie connexion for ever !) et puis la semaine dernière
toujours chez eux, à Caen. Les photos les montrent heureux souriant. Le trio
est un quintet désormais et les années n’ont pas altéré le talent ! Mati
est toujours là, vous savez, juste une chouette chanson d’un groupe de Caen qui
était paru sur une compilation locale…
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