Soyons clair : il y a un an
quand Détroit sortait son premier album, on était plutôt sceptique sur l’avenir
du groupe et sur ses réelles possibilités. 10 ans après le drame de Vilnius,
Bertrand Cantat reprenait le chemin des studios après plusieurs années de
prison et la séparation dans la douleur de NOIR DESIR. Un chemin plein d’embuches
pour celui qui fût le chanteur/leader du groupe Français le plus emblématique
de ces dernières années.
Il ne s’agissait pas de juger Cantat,
mais de se demander si celui-ci avait les moyens de rebondir. Il y avait eu
quelques signes : un premier retour sur scène (assez raté) avec le groupe
Eiffel pour des reprises des Stooges, un dernier single avec son groupe avec
deux morceaux assez médiocres (dont une reprise du « Temps des cerises »)
et enfin un duo avec les nouvelles stars du rock Français : Shaka Ponk !
Bref rien qui ne présageait son retour sous les meilleurs auspices. Mais Cantat
demeure un grand artiste, quelqu’un qui sait se remettre en questions et se renouveler.
Et quelle ne fût pas la surprise de le voir revenir en groupe, plus exactement
en duo avec l’extraordinaire bassiste Pascal Humbert ! Pour les fans de
musique, ce nom n’était vraiment pas inconnu, ancien bassiste de Tanit, de
Passion Fodder et des Sixteens Horsepower. Que des groupes dont Cantat était
fan et qui partageaient les mêmes racines que l’ancien leader de Noir Désir :
le Gun Club ou les Doors. Il était donc le partenaire parfait pour un Cantat en
pleine renaissance.
Première surprises : l’album !
Délaissant les expérimentations sur la chanson Française qui avait marqué le
dernier album des Bordelais, Détroit (c’est le nom que le duo s’était donné)
revenait à des chansons plus simples, à la limite de l’acoustique avec des
textes particulièrement poétiques que des fans ou les médias cherchaient désespérément
à analyser pour y trouver des sens cachés. Un très bon disque que la presse
encouragea avec des compliments modérés mais mérités.
Autre surprise : la
promotion, Cantat n’était pas sur de son coup cela se sentait et il se lança
dans une promotion discrète où il refusa de se mettre en avant au profit du
duo. Seule, une interview dans « les Inrockuptibles » lui permit de
revenir sur son passé et de s’exprimer sur ses drames ! Seules, quelques
personnalités médiatique critiquèrent le retour de Cantat et ne cessaient de parler
d’indécence.
Le public, lui fit la fête au
disque et très rapidement il apparut que les ventes de « Horizon » (c’est
le nom de l’album) allaient être importantes. En quelques semaines, le groupe
atteignit un disque d’or et il ne faisait guère de doute que le retour sur scène
de l’ex Noir Désir allait être obligatoire. Pourtant on murmurait que les
tourneurs et promoteurs ne se bousculaient pas pour s’occuper du groupe tant
les enjeux étaient énormes et la pression importante. On annonçait que des
manifestations de féministes auraient lieu tous les soirs et qu’un bon nombre
de concerts seraient annulés.
Pour partir en tournée le duo
recruta des musiciens ! Ce fût tout d’abord le clavier / guitariste
Rennais Bruno Green (déjà présent sur l’album). Il emmena avec lui le
guitariste Rennais Nicolas Boyer, qui avait la lourde tache de faire oublier Serge
Teyssot Gay et enfin un batteur Québécois, Guillaume Perron, vint compléter l’orchestre.
En Mars 2014, les premières
répétitions eurent lieu prés de Clermont Ferrand et ce fût dans les colonnes de
Rock’n Folk que le duo s’exprima et montra ses ambitions scéniques : la
machine tournait à plein ! Cantat ne voulait surtout pas rater son retour,
tirant ainsi un rideau sur son passé. Dés les premières dates il apparut que le
groupe allait rapidement gagner son pari : les concerts étaient superbes
et les dates tombaient de partout avec un taux de remplissage exceptionnel.
Le 5 Juin 2014, Détroit faisait
une halte à la Cigale pour un premier concert Parisien que le groupe avait à cœur
de réussir. C’est ce concert que le groupe choisit d’enregistrer et qui sort
aujourd’hui en disque. Un souvenir pour une tournée marathon qui est toujours
en court et qui ne cesse de battre des records d’affluence !
La première chose visible, est
que le set est composé d’un savant mélange du disque de Détroit et de morceaux
emblématiques de Noir Désir : « Tostaky », « le vent l’emportera »,
« Lazy », « Comme elle vient »… Des morceaux, que le public
était venu voir et entendre, aucun spectateur dans la salle ne le cachaient !
La seule différence est que les morceaux sont interprétés de manière différente
qu’avant et que les musiciens de Détroit se sont donc adaptés avec plus ou
moins de bonheur à ces titres. Ainsi « Tostaky » est plus calme que l’original
et que « le vent l’emportera » est supérieur à l’original ! Dans
l’ensemble on pouvait espérer ou craindre que le groupe essaye de refaire Noir
Désir, mais là bien au contraire il s’adapte, glisse et passe l’examen avec
talent !
Reste les morceaux de Détroit :
le groupe les joue à la perfection ! Là encore les arrangements ont été retravaillés
pour la scéne et le résultat est superbe même si parfois le groupe se perd dans
des arrangements un peu trop « technologiques » (boites à rythmes,
claviers trop présents...).
Ce live est la preuve que Détroit
est peut être ce qui se fait de mieux en France et que le groupe est une vraie
machine de guerre sur scène : un grand live pour un grand groupe. Vivement
la suite !
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