jeudi 5 juin 2014

LES VIES ET MORTS DE VINCE TAYLOR

Quand j’ai appris qu’il y avait une biographie de Vince Taylor qui sortait, j’étais avec un ami qui m’a simplement dit « Là par contre il y a des choses à dire ! ». Effectivement pour décrire la carrière et la vie de Vince Taylor il y a beaucoup à dire. Pour ne pas mentir je savais sur lui ce que le commun  des mortels sait : Vince Taylor avait fait une carrière en France au début des années 60, il s’habillait en cuir noir et qu’il avait tenté de nombreuses fois des « come-back » qui avaient tous échoués principalement à cause de ses problèmes psychologiques et de drogues. Ajoutez qu’il avait écrit « Brand new Cadillac » que les Clash (entre autres) avaient repris et c’est à peu prés tout. Ah si, Bowie avait écrit Ziggy Stardust pour lui et que les légendes les plus folles courait à son sujet. En fait tout le monde avait une bonne anecdote sur Vince Taylor.
Je viens de finir le la biographie que lui a écrite Fabrice Gaignault et la première idée qui me vient à l’esprit est : quel gâchis ! Vince Taylor est probablement l’incarnation définitive de ce que doit être le rock and roll avec tout ses bons et mauvais côté.

Commençons par le début, Vince Taylor s’appelle en réalité Brian Holden, né en Angleterre dans une famille modeste qui s’exile juste après la guerre aux USA. A l’adolescence il découvre le rock et décide de rentrer au pays où il connait un début de succès. C’est au cours d’une tournée au début des années 60 qu’il découvre ce qui va être sa terre d’adoption : la France.

Repéré par Eddy Barclay qui en fait son objectif il commence à tourner dans toutes nos belles provinces, vêtu de sa célèbre tenue de cuir noir (en réalité une combinaison de ski qu’il avait acheté à Londres), de sa chaine autours du cou (une médaille de Jeanne d’Arc) et de son célèbre déhanchement qui en fit la cible principale des opposants à cette nouvelle musique. Sur scène il déclenchait des réactions particulièrement violentes et malheureusement le public de blousons noirs qui le suivait mettait un point d’honneur à transformer ses concerts en mini-émeutes ! Question enregistrement on ne peut pas dire que le monsieur chôma  puisqu’il produisit la plupart de ses titres entre 1958 et 1964. Pour vous donner une idée son premier album pour Barclay fût enregistré en une nuit sur un deux pistes. A l’époque il collectionne les petites amies célèbres (comme Brigitte Bardot) ou anonyme avec une facilité déconcertante.

Mais les premiers problèmes arrivent et bientôt sa violence avec les femmes ne sera pas une légende comme nous le rappelle ici son biographe. Remarquablement entouré par son groupe les Play-Boys, avec le célèbre batteur Bobby Clarcke, il offre une vision sauvage et bestiale de ce qu’est le rock ! A l’époque il fréquente Gene Vincent et tout le Paris branchée se précipite à ses concerts. Mais bientôt c’est le Palais des sports et son saccage en beauté par le public. La presse se déchaine contre celui qu’elle désigne comme responsable ! Commence alors la descente aux enfers.

Lâché par Barclay, il se réfugie à Londres où il goute pour la première fois aux drogues, c’est à cette époque qu’il croise un jeune chanteur qui est fasciné par lui, un certains David Jones qui fera carrière sous le nom de David Bowie ! De retours en France il est atteint de sa première grosse crise de folie, il devient mystique et se prend pour le frère de Jésus.

Pour relancer sa carrière son manager de l’époque le fait jouer à la Locomotive en mai 1965. Il arrive sur scène dans un sac en patate avec une bible à la main. Le concert est un four, il hurle des incantations pendant que le groupe le plus fort possible pour bloquer son débit.

C’est à partir de là que Fabrice Gaignault a fait un travail remarquable, il a réussis à suivre toute la vie de Vince Taylor et c’est juste impressionnant. Hôpitaux psychiatriques, alcool, drogue, tournées minables, concerts ratés, il s’enfonce de plus en plus… Il vit à droite et à gauche d’hypothétiques fiancées que trop souvent il bat ! Il va connaitre une pléthore de managers qui vont tous essayer de relancer sa carrière ! Rien n’y fait, ni les tournées revivals, ni les hypothétiques concerts en province. Il se retrouve à chanter à Pigalle dans les bars, puis s’exile à Macon ou cela tourne au drame quand il est racketté par des voyous locaux. Qui veut encore de l’ex idole de cuir noir dans une époque qui prône l’amour et les guitares sèches ?

A son retour à Paris il devient plongeur dans un restaurant Grecque avant de chanter dans ce même restaurant quand le patron le reconnait. En 1977 les Punks le considèrent comme un dieu vivant mais là encore c’est n’importe quoi il essaye de chanter avec les Clash : s’est un massacre. Pourtant à l’époque Jacky Chalard avec son label Big Beat essaye de relancer sa carrière. Il va même le faire enregistrer un nouveau disque mais le grand Vince n’a plus de dents et a du mal à assurer en studio. Ce sera sa dernière tentative de retours. En 1983 il se marie et part s’installer en Suisse ou il décède le 27 Août 1989 d’un cancer des os.



C’est cette histoire que nous raconte Fabrice Gaignault, une épopée trop dramatique pour être vraie et pourtant c’est juste la vie de Vince Taylor, qui méritait bien un tel hommage. Avec pleins de détails et d’anecdotes on peut dire que l’auteur lui a rendu un bel hommage !


Pour clôturer cet article sur Vince Taylor je voudrai juste rappeler la phrase de Eliott Murphy qui résume tout : « Le rock’n Roll ne ment, il ne promet jamais une fin heureuse ! » On peut appliquer ça totalement à Vince Taylor !

Les vies et morts de Vince Taylor
De Fabrice Gaignault
Edition Fayard

18 euros 

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